La caractérisation patho-moléculaire
Caractérisation patho-moléculaire des tumeurs bénignes du foie
L’identification de voies moléculaires altérées dans les tumeurs hépatocellulaires bénignes et malignes a considérablement accru la compréhension de la tumorigenése hépatocellulaire. Des marqueurs immunohistochimiques découlant de ces altérations moléculaires contribuent à un diagnostic plus précis et une classification patho-moléculaire, avec d’étroites corrélations génotype/phénotype.
Dans l’hyperplasie nodulaire focale, l’activation zonale périveineuse de la voie b-caténine, sans mutations du gène CTNNB1, se traduit en immunohistochimie par une surexpression hétérogène de la glutamine synthétase, très caractéristique, en « carte de géographie ».
Les adénomes hépatocellulaires représentent une entité hétérogène, constituée de 4 sous-groupes :
1) mutations inactivatrices du gène HNF1A (35-40 %).
2) adénomes inflammatoires avec mutations activatrices de différentes gènes conduisant a l’activation de STAT3 (50 %).
3) mutations activatrices de la voie ß-caténine (10-15 %).
Il est possible d’identifier ces 3 sous-types en immunohisto-chimie : respectivement, perte de la protéine liver fatty acid binding protein, expression de la C reactive proteine, surexpression de la glutamine synthétase avec marquage nucléaire aberrant de ß-caténine. 10 % des adénomes inflammatoires, la moitié des adénomes mutes ß-caténine expriment à la fois le phénotype inflammatoire et active ß-caténine. L’expression forte et diffuse, parfois hétérogène de la glutamine synthétase est corrélée aux mutations de l’exon 3 sur différents hot spots. Il est essentiel d’identifier ce sous-groupe mute ß-caténine (exon 3), avec ou sans un phénotype inflammatoire associé, du fait de leur haut risque de transformation maligne. Les mutations du promoteur de TERT, absentes dans tous les sous types d’adénomes classiques, sont nécessaires à la transformation maligne, et uniquement pour les adénomes mutes ß-caténine, inflammatoires ou non.
4) Les adénomes inclassés, sans marqueurs spécifiques, représentent moins de 10 %.
L’utilisation universelle de cette classification patho-moléculaire devrait conduire, par une approche multidisciplinaire, à une meilleure prise en charge des patients.
Paulette Bioulac-Sage
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